10 façons de voir la Corse… comme un Corse

En matière de dépaysement, la Corse marque déjà beaucoup de points, mais le plateau du Coscione, lui, atteint des sommets. Au départ du village de Quenza, suivez la route semée d’ornières vers le plateau : arrivé à 1500 mètres d’altitude, vous découvrirez un paysage sauvage fait d’herbe d’un vert éclatant et de rochers, au cœur duquel serpentent des ruisseaux et ponctué de « pozzines », sortes de petites mares, sous des cieux aux multiples humeurs. Pour parfaire le décor, cochons, vaches et chevaux paissent en liberté. Le plateau étant traversé par une route en terre et des sentiers balisés, vous n’aurez aucun mal à vous y retrouver, mais n’hésitez pas non plus à faire quelques pas de côté pour admirer la vue…

Avec ses sonorités oniriques, le village de Cutuli è Curtichjatu (son nom en langue corse) cumule beauté du paysage et intérêt culturel. Perché à 600 mètres d’altitude, il compte de nombreux producteurs et artisans, venez donc y découvrir la charcuterie locale ou les confitures à base de fruits bio du cru, mais aussi les couteaux et la poterie réalisés ici. L’une de ses particularités les plus intéressantes, ce sont les sentiers de randonnée et de découverte aux thèmes multiples et passionnants : ainsi, vous pourrez choisir de fouler le sol du sentier des moulins ou plutôt de celui des fours, ou encore admirer des paysages de toute beauté en empruntant le sentier des Monti d’Ignascu, du Caracutu ou de la Punta di l’Alcudina.

Située au sud d’Ajaccio, la commune de Serra-di-Ferro possède à la fois un versant maritime et un versant à l’intérieur des terres, qui façonnent son identité. Les Corses viennent surtout y pratiquer des sports nautiques, spécialité de la station balnéaire de Porto-Pollo, et se prélasser sur l’incroyable plage de Cupabia aux eaux translucides. Outre les activités marines, la région est propice à la randonnée, notamment équestre, et compte plusieurs sites d’intérêt culturel tels les superbes sentiers des douaniers, les tours génoises de Capo di Muro, de Capannella et de Campomoro, ou encore le site néolithique de Basi, sur la rive droite du Taravo.

Cette région montagneuse de Haute-Corse est la botte secrète des habitants de l’île qui souhaitent se mettre au vert et prendre le frais. Les amoureux de la nature viennent se repaître de verdure sur ses sentiers de randonnée et dans ses forêts, se ressourcer au bord de ses nombreux points d’eau et s’abreuver de culture et d’authenticité dans ses petits villages traditionnels aux somptueuses églises baroques et aux maisons de pierre pleine de caractère. Venez, vous aussi, vous y perdre entre crêtes et vallées, éperons rocheux et marchés locaux : vous y découvrirez, outre des paysages sauvages et de belles constructions, les saveurs de cette terre de bergers où l’on produit charcuterie, fromage, miel et farine de châtaigne.

Trônant entre la Corse et la Sardaigne, les îles Lavezzi sont peu connues des touristes et très appréciées des locaux. Coin de paradis préservé et inhabité, l’archipel se compose de sept îles, dont Lavezzu est la plus grande. Blocs de granit aux formes évocatrices, fleurs jaunes et bleues, herbes folles et criques aux eaux émeraude en composent le décor, que vous atteindrez au terme d’une traversée de 30 minutes au départ du port de Bonifacio. Pour y arriver, vous longerez des falaises et contemplerez d’impressionnantes maisons accrochées à flanc de montagne. Une fois sur place, vous pourrez faire le tour de l’île à pied, mais aussi vous détendre sur ses plages peu fréquentées.

Doté d’un nom aux sonorités évocatrices, le chemin de l’Altare est un sentier permettant de relier Asco à la plaine de Moltifao. L’itinéraire chevauche des gorges, serpente à fleur de montagne entre ruisseaux et vallons et débouche sur une zone pastorale où les (rares) promeneurs ont parfois l’occasion de voir des chevaux paître en liberté. Çà et là, des vestiges d’une lointaine présence humaine confèrent au parcours un intérêt culturel, comme la chapelle San Zaccaria et la pierre plate (un autel, d’où le nom du chemin, Altare) située sur le sommet du même nom et qui était probablement le site de sacrifices d’une religion païenne. Si vous poursuivez un peu, vous aboutirez aux ruines du village de Sepula avant d’atteindre Moltifao.

La forêt de Libio, à cheval sur la vallée du Liamone et celle du Cruzini, s’étend sur des milliers d’hectares coupés de toute route, ou presque. Particulièrement enclavée, elle n’est donc visitée que par les initiés, qui en escaladent les sentiers de montagne de la chaîne centrale (entre le Monte d’Oro et le Monte Cinto). Cheminez sous le regard bienveillant de la Punta di a Spusata, cette montagne qui fait l’objet d’une légende fascinante : une jeune épouse vénale (la fameuse Spusata) y aurait été pétrifiée sur place. Bientôt, les sentiers convergent vers une maison forestière, sans doute un ancien refuge ou poste de guet au cœur de la montagne, aujourd’hui devenue un lieu sauvage et hors du temps.

Le site mégalithique, relativement peu connu, de Pinzu a Vergine, sur la péninsule du Cap Corse, constitue une agréable promenade le long d’un sentier ancestral à la découverte de menhirs et monolithes. Particulièrement adapté aux familles, il se parcourt en 1 h 30 à peu près et constitue l’occasion rêvée de s’imaginer une aventure préhistorique rehaussée de légendes aussi vieilles que les pierres qui le composent. Au départ du hameau de Fieno, l’itinéraire est bien indiqué vers le groupe rocailleux au sein duquel une sépulture de l’âge de Fer a été découverte, puis vers la tour de Sénèque, où vous jouirez d’une vue sublime à 360 degrés sur la mer, le Cap Corse, l’Italie et les montagnes de l’île.

Au départ du village de Pianottoli-Caldarello, entre Sartène et Bonifacio, voici une randonnée exceptionnelle à ne pas manquer si vous projetez de séjourner dans la région : testée et approuvée par les locaux. Le sentier balisé des Bruzzi, qui longe le littoral, serpente au cœur d’un paysage époustouflant, entre maquis touffu aux mille parfums, rochers de granit aux formes fantastiques (ici, une Vénus, là, un oiseau), criques sauvages et plage de corail au sable rouge dû à la présence d’espèces unicellulaires. Levez le nez : peut-être un cormoran huppé vous accompagne-t-il dans vos pérégrinations. Prévoyez maillot, masque et tuba pour barboter en cours de route et en profiter pour explorer la faune et la flore sous-marine.

Voici une curiosité de la région de Bastia, bien connue des Corses, moins des touristes. Au bout d’un sentier balisé qui s’emprunte à proximité de l’église du village de Cardo trônent deux imposantes glacières datant respectivement du XVIe et du XVIIIe siècles. Ces constructions génoises avaient pour but de conserver la neige destinée à être transformée en pains de glace, ensuite acheminés vers Bastia à dos d’âne ou de mulet. Ponctué de quelques palmiers qui contrastent avec le thème de la randonnée, le sentier emprunte les crêtes surplombant Bastia et offre un panorama exceptionnel : Cap Corse, étang du Churlino, et même îles toscanes (Elbe, Monte Cristo…). Comptez 2 h 30 pour l’aller/retour, à éviter en cas de forte chaleur.